Techniques

La forme et la narration

Pour commencer, il faut connaître les caractéristiques du manga. En analysant différents mangas, on constate qu’ils possèdent presque toujours la même forme physique : petit, rectangulaire et d’environ 14 cm. Ils possèdent dans leurs narrations différents symboles graphiques identiques, évidemment, les auteurs sont toujours libres de l’usage qu’ils font de leurs symboles. Il n’y a pas de vérité absolue mais seulement des usages plus ou moins réguliers. Voici quelques indications sur sa forme et son utilisation ainsi que des explications sur les « codes graphiques manga ».
· Le sens de lecture
Au Japon, tout imprimé se lit de droite à gauche. On lit dans le coin supérieur droit pour finir dans le coin inférieur gauche. A l’époque, les éditions francophones, se chargeaient de remettre les cases en lecture occidentale pour que le lecteur ne se sente pas perdu à cause du sens inverse. Aujourd’hui, les maisons d’éditions laissent le manga tel qu’il est présenté au Japon, pour qu’il garde sa forme d’origine. Cela garde son authenticité.


Le sens de lecture japonais à l’aide de « l’apprenti mangaka » de Akira Toriyama et Akira Sakuma
· Du noir et blanc
Après la deuxième guerre mondiale, pour des raisons économiques, l’utilisation du noir et du blanc par défaut était nécessaire. C’est par des découpages cinématographiques ainsi que les story-boards que le manque de couleurs est compensé.
· Les jeux de trame
Pour que les mangakas parviennent à mettre le plus de nuances possible, ils utilisent les trames. Selon un article de Rodolphe Massé, dans le guide phénix du manga « Les trames permettent d’ajouter des textures et des ombres pour créer mouvements et reliefs, de donner de la vie aux personnages ».
· Les bulles
Le manga est proche de l’impressionnisme. Les bulles sont très « créatives », pour oublier l’absence du son. La forme de la bulle peut nous donner des informations sur l’identité du personnage et la bulle en elle-même renforce la scène sur le lecteur.
· Le personnage mannequin et le personnage témoin
On appelle le « personnage mannequin », un personnage prenant une place considérable sur la page dans un carré placé à gauche ou à droite. Il y a également les « personnages témoins », se situant en arrière fond, par exemple lors des situations de combats.
· Un story-board
Nous trouvons fréquemment dans un manga « des découpages d’action ». Cette action nous amène à avoir une sensation de réalisme qu’on peut éprouver devant un film ou un dessin animé. On retrouve également les « points de vue », les « cadrages » les « effets de perspectives » ainsi que des « gros plans » utilisés dans les films.
· Le contraste du manga
Les mangas touchent tous les âges, hommes ou femmes, garçons ou filles, car son contraste s’ouvre sur de nombreux sujets qui sont souvent en opposition : apparence et essence, tradition et modernité, attente et surprise, contrainte et liberté, merveilleux et réel, nature et technologie, histoire vécue et histoire fantasmée, violence et pornographie. Je traite les différents genres de manga dans le chapitre « types et genres de manga ».
· Le graphisme
Une des particularités du manga, c’est sa diversité dans le style de dessin. Lorsque nous ne lisons pas de mangas, nous avons souvent l’impression que les personnages sont identiques. Mais en réalité, nous retrouvons dans chaque auteur son propre style graphique. Toutefois, les dessinateurs ont ce que l’on appelle des « codes » particuliers. Voici une partie des principaux codes qui caractérisent le manga :
    • De grands yeux
L’origine des « grands yeux » des personnages, provient des mangas du mangaka « Osamu Tezuka » un grand fan des « Disney ». Puis lors de la naissance du shojo manga (les mangas ciblant un public féminin), les mangakas ont voulu dessiner les Européens à la manière occidentale, donc avec de très grands yeux. Les yeux nous transmettent également les émotions. Ils ne sont pas présents dans tous les mangas, les personnages possédant ce type de graphisme se trouvent particulièrement dans les shojos manga.
    • Traits de vitesse
Ce code est utilisé pour la rapidité d’une action. Ce sont des traits qui guident notre œil dans la bonne direction. Nous retrouvons ce type de traits dans un très célèbre manga, Naruto de Masashi Kishimoto édité par Kana.
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Le dessin manga : les lignes de vitesse .Mangamania

















    • Onomatopées
Une onomatopée créée une « illusion sonore » par des indications. Les dessinateurs les utilisent couramment pour qu’on puisse ressentir la « vitalité » du personnage.
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TAKAYA, Natsuki. Fruits basket. Paris : Delcourt, 2002. vol. 1
o Le « SD »
Le SD signifie « Super Deformed ». Le dessinateur dessine parfois dans certaines scènes le personnage de manière caricaturale pour donner une touche d’humour dans l’histoire. Le « super déformé » ramène le personnage à l’état d’enfance, donc à l’aspect très mignon.
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NAKAJO, Hisaya. Parmi eux (Hanakimi). Paris : Tonkam, 2005. vol 18



    • La goutte de gêne
Cette goutte de gêne est fréquemment utilisée pour exprimer l’embarras lorsqu’il se trouve dans une situation ridicule. Elle est surtout utilisée dans un contexte comique.
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TAKAYA, Natsuki. Fruits basket. Paris : Delcourt, 2002. vol 1
   
 
    • L’éclat de compréhension 
Il annonce une brusque prise de conscience. Même interprétation que « l’ampoule » allumée au dessus de la tête d’un personnage issu d’une bande dessinée belge. Ce symbole graphique indique au lecteur qu’il s’est passé quelque chose d’important mais qui reste caché sur le moment.

o La veine de colère
Ce code graphique est fortement utilisé pour montrer l’énervement du personnage.
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NAKAJO, Hisaya. Parmi eux (Hanakimi). Paris : Tonkam, 2005. vol. 18

Tous ces codes graphiques sont indispensables, car ils mettent en scène les émotions des personnages. En les retrouvant dans de nombreux mangas, on observe que cela donne des repères pour le public et facilite la lecture. Ces symboles sont une des raisons du succès des mangas au Japon et dans le reste du monde car en ayant connaissance de leur signification, cela apporte un grand « plus » dans le récit.